LA FORMATION PROFESSIONNELLE

 

 

C'est une préoccupation qui semble avoir toujours été à l'esprit des autorités malgré, nous allons le voir, une mise en application trop partielle pour avoir réellement porté ses fruits.

Il était tentant de profiter du séjour des Travailleurs Indochinois pour leur faire acquérir une qualification professionnelle (rappelons que la plupart d'entre eux était agriculteurs ou encore à l'école). L'idée des responsables était de faire bénéficier l'industrie indochinoise, à leur retour, d'une main d'oeuvre spécialisée qui permette le développement du Territoire. L'expérience de 1915/1919 avait démontré que les Annamites avaient été capables d'assimiler les techniques industrielles et d'améliorer leurs connaissances.

 

La mission SPRENG

 

 

Ainsi dès mars 1940, le Professeur suisse Hanns SPRENG, spécialiste en psychotechnique, se rend à Marseille pour déterminer une méthode de sélection rapide du personnel indochinois qui permette d'apprécier les aptitudes de chaque travailleur à acquérir une formation professionnelle. Cette mission tournera court avec la défaite et les projets de rapatriement.

 

 

"En conclusion générale de cette expérience, on peut sans hésiter affirmer que les Indochinois représentent un précieux "matériel humain", et qu'il vaut la peine de faire précéder leur entrée en fabrique d'une sélection rapide, pour gagner par la suite beaucoup de temps et éviter de nombreux désagréments, et donner à chacun une tâche qui corresponde au mieux à son habitus général.

En particulier le fait que nous en avons trouvé le 25% apte à une formation professionnelle complète, le 50% capable de travail qualifié (tournage en série, fraisage, limage, etc.) et seulement le 25% qui ne méritait pas de recevoir une formation quelconque, montre à lui seul combien des examens généralisés peuvent être précieux" indique Hanns Spreng.

 

Pendant l'Occupation

 

 

Durant cette période le projet est abandonné et la priorité mise sur l'emploi des Travailleurs Indochinois comme manoeuvres dans les exploitations forestières ou industrielles. Certains travailleurs acquirent cependant un début de formation dans les établissements où ils étaient affectés mais ces cas restèrent isolés.

 

Après la Libération

 

 

Dès septembre 1944 la M.O.I. prépare la mise sur pied d'un plan pour former environ 3 500 Travailleurs Indochinois aux métiers dont l'Indochine va avoir besoin. L' évaluation en avait été faite dès les premières années de guerre ; l'actualisation fut réalisée avec les Groupements professionnels coloniaux en Métropole. Des contacts furent noués avec divers Ministères et organismes afin que les futurs stagiaires puissent trouver un Centre de formation. La sélection des candidats débuta en décembre 1944 avec une méthode inspirée de la méthode Spreng. Les résultats furent connus en juin 1945. Sur 8 826 travailleurs ayant passé les tests, 3 967 furent déclarés aptes à suivre une formation.

 

 

Une Section de Formation Professionnelle fut constituée, qui s'adjoignit le concours d'une centaine d'aides-moniteurs, en fait des interprètes ou surveillants ayant révélé les meilleures aptitudes. Ils avaient pour mission de seconder les formateurs pour les explications en langue maternelle.

 

Les stages

 

 

La formation professionnelle fut réalisée de deux façons. Soit le travailleur était élève dans un Centre d'apprentissage, soit apprenti chez un employeur généralement industriel.

Exemples de Centres d'Apprentissage où furent placés les Travailleurs Indochinois :

Collège technique Vaucansson à Grenoble, Centre Le Chatelier à Marseille, Centre de reclassement d'Ivry, Clermont-Ferrand, Blanzat, Centre d'apprentissage de la S.N.C.F. à Oullins, Toulouse, Bordeaux, Marseille et Périgueux, Centre artisanal de la Place du Commerce à Paris, Institut de Soudure, Ecole Bréguet, Ecole Nationale Professionnelle de Thiers, ....

 

 

 

En avril 1946, 425 travailleurs avaient terminé une formation accélérée et 1134 étaient en cours de stage. Ceux-ci duraient de trois à douze mois puis le Service essayait de les placer chez un employeur afin qu'ils puissent travailler et prendre de l'expérience en attendant leur rapatriement. A cette date, une centaine d'Indochinois étaient employés dans l'industrie et une centaine d'autres en instance de placement chez Peugeot à Sochaux.

 

 

 

La mise en apprentissage de près de deux mille travailleurs indochinois concentra les effectifs dans les régions industrielles de Paris et de Marseille. Des compagnies spéciales furent formées ou reformées, en vue d’administrer les travailleurs placés comme apprentis dans des Centres de Jeunesse ou chez des employeurs privés :

- la 50ème à Paris,
- la 73ème à Marseille,
- la 24ème à Badevel (près de Belfort),
- la 54ème à Grenoble,

jouèrent ce rôle.

 

 

Les résultats

 

 

Sur le plan quantitatif, l' objectif de former 3500 ouvriers spécialisés ne fut pas atteint. La difficulté à trouver des établissements d' accueil ne semble pas être la cause unique de cet échec. On remarquera que dès mars 1946, 70 travailleurs ayant terminé leur formation demandèrent une levée de réquisition qui leur fut accordée, trouvèrent un emploi par eux mêmes, et choisirent l'installation définitive. Le projet d'utiliser leurs compétences en Indochine tombait donc à l'eau. De quoi donner à réfléchir sur la pertinence du projet.

 

 

Rapatriements

 

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