Le site de notre correspondant étant en rénovation, nous vous proposons un extrait du témoignage de Jean Pierre N.D.K concernant son passage à la M.O.I.,et dont le récit complet s'étale de son enfance à ses voyages au Vietnam :

 

"Voici quelques renseignements concernant ma situation en 1939. Incorporé le 13/12/1939, embarqué le 18/12/1939 à Saïgon sur le bateau appelé Si-Kiang, débarqué à Marseille le 22/01/1940 en plein hiver. J'appartenais à la 22ème compagnie, uniquement des Cochinchinois. Dans ce bateau il y avait d'autres compagnies. Logés provisoirement au camp des Baumettes. Au bout d'un mois,nous nous dirigeons vers Angoulême où se trouve la Poudrerie nationale. Par suite des pressants évènements, la Poudrerie est fermée. Les détachements furent répartis dans le département de la Charente pour combler le manque de main d'oeuvre chez les paysans mobilisés. Dans la même année, nous nous sommes repliés dans le Var, une partie restait à Vigan et à Fonsange pendant tout l'été. Tout en restant dans le Var, nous repartons vers St Maximin, là, les détachements se sont divisés en groupes pour couper le bois dans le but de transformer en gazogène, sous forme de combustion incomplète le charbon. Mi-l'année 1942 nous retournons à Marseille, logés dans un quartier de banlieue. Une partie des travailleurs désoeuvrés étaient employés dans la fortification appelé Todt. Quant à moi, possédant le titre d'interprète-major, je travaillais conjointement avec les médecins en consultation des malades tous les matins pendant le séjour aux Baumettes. Par suite, j'ai été appelé à travailler à l'Hôpital Le Dantec comme infirmier, chef de salle, pour soigner à mes compatriotes blessés pendant la coupe de bois, durant la période de détachement. C'était une période très difficile pour toute une population entière : la parole ne peut pas tout exprimer, il faut voir et assister. Comme dans tous les conflits, il y aura une fin ! Fin 1944, l'horizon s'éclaircit aussi bien en Europe ou en Asie. Les tripartites 'Allemands, Italiens, Japonais) sont vaincus, nous pensions pouvoir rentrer au Vietnam. Hélas la guerre commence entre la France et le Vietnam de 1946 à la bataille de Dien Bien Phu qui met fin à ce conflit. Durant ce temps, l'autorité française nous a proposé de suivre des cours (corps de métiers) à Paris tels que ajusteur, tourneur, tailleur, soudeur, .... C'est ainsi que j'ai appris le métier d'ajusteur, malgré moi, car j'ai été désigné comme aide-moniteur, intermédiaire entre le moniteur français et mes compatriotes. Libéré le 9 septembre 1946, avec mes connaissances en ajustage, j'ai pu trouver un emploi dans une société nationale appelée E.D.F. Là, je suis resté, de cette date jusqu'au 31/03/1974."